Valentin ou l’optimisme

Aurélie Pérez – 15 mars 2016

Valentin, 23 ans, est chargé de gestion dans le secteur de promotion immobilière en CDD. Il vit en France à Lille et a déjà vécu de nombreuses expériences professionnelles malgré son jeune âge. Lors de notre rencontre, je suis frappée par sa maturité et son analyse du monde du travail.

« Je ne regrette aucune expérience, chacune m’a permis de progresser et d’augmenter mon niveau d’exigence. »

 Aurélie : « Merci Valentin d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions sur ton parcours professionnel et ta vision du bonheur au travail. Peux-tu nous dire quelle formation tu as reçue ?

Valentin :   J’ai toujours eu le goût du chiffre, de l’analyse, de la précision allié à la possibilité de prendre des décisions. J’ai effectué un stage d’observation dans l’entreprise de bâtiment de mon père et j’ai alors choisi la voie du BTS comptabilité et gestion. J’ai ensuite obtenu une licence en droit du travail. Mon objectif était le Master contrôle et audit mais le contenu très théorique des études a fini par me lasser et j’ai éprouvé le besoin de rentrer dans le concret, d’évoluer sur le terrain.

A : Dans quels domaines as-tu alors travaillé ?

V : Lors de ma licence, j’ai effectué un contrat en alternance comme assistant de contrôle de gestion et paie dans le secteur industriel métallurgique puis j’ai travaillé comme gestionnaire de recouvrement à l’amiable et judiciaire, ensuite comptable dans le secteur automobile premium et enfin chargé de gestion dans le secteur promotion immobilière.

A : Ce sont des domaines très variés. Est-ce que le travail en mission intérimaire correspond à un choix de vie particulier ?

V : Depuis mon diplôme, j’ai effectué des missions intérimaires et des contrats CDD et c’est un choix. Je suis jeune, j’ai envie de découvrir différents secteurs pour me former et avoir une vision plus globale du monde du travail.

A : Est-ce dans l’optique de créer ta propre entreprise ?

V : (Sourire) Pourquoi pas dans dix ans ! J’ai encore des compétences à développer et je réfléchis à un concept innovant.

A : En tant qu’intérimaire, as-tu rencontré des difficultés d’intégration dans les équipes ?

V : Lorsque l’on intervient pour des missions, on se sent forcément à part, ni rejeté ni intégré, juste de passage. C’est frustrant de ne pas participer aux événements prévus pour les équipes, de ne pas pouvoir faire partie de cette cohésion.

A : Question « management », quelles sont pour toi les qualités indispensables d’un manager ?

V : Ce que j’attends d’un manager : qu’il soit présent et disponible, qu’il sache écouter, qu’il soit capable de dire quand ça ne va pas mais aussi de valoriser les compétences de ses collaborateurs. Il propose des axes de réalisation et surtout il accompagne, évalue les personnes sous sa responsabilité a le souci de les faire monter en compétences.

A : As-tu eu des expériences « difficiles » au niveau humain ?

V : Lors de ma première expérience professionnelle, j’ai quasiment dû me former moi-même car mon tuteur était souvent absent. De plus, je faisais le travail d’une personne partie en retraite et jamais remplacée. On se formait entre stagiaires successifs. J’avais 20 ans et cela a eu un impact direct sur ma motivation. Lorsque l’on se sent seul à cet âge, il est difficile de maintenir le cap. Le fait d’être « bloqué » dans cette situation pendant un an m’a amené à travailler sur moi-même, à mûrir mais à quel prix…j’en avais perdu l’appétit !

A : Quelle expérience positive de management t’a le plus marqué ?

V : Lors de ma deuxième expérience professionnelle, le management était au top ! J’ai reçu une semaine de formation aux process, un accompagnement personnel mensuel, un accompagnement de l’équipe hebdomadaire et de l’écoute au quotidien. Lors de cette mission, j’ai connu trois managers différents mais tous ont adopté cette manière de fonctionner. Cela instaurait aussi une bonne ambiance dans l’équipe et une belle rigueur de travail.

A : On parle beaucoup des RPS (risques psychosociaux), du burn-out et du bore-out, as-tu été concerné par ce type de problèmes ?

V : Oui, à une époque j’ai connu le bore-out. Je ne supporte pas l’inactivité, d’ailleurs, entre deux missions, je ne reste jamais longtemps au chômage. Le manque de stimulation intellectuelle renvoie à une sensation d’inutilité.

A : Que penses-tu de ton poste actuel ?
V : J’aime la polyvalence de ce poste. Il me permet d’avoir une vision globale sur les parties technique, opérationnelle, ressources financières et commerciale. Ma curiosité naturelle est satisfaite ! Je suis autonome sur le poste et je prends part à l’évolution de l’entreprise en mettant en place des nouvelles normes de procédure. J’aime avoir des responsabilités.

A : Choisis-tu tes missions et si oui, sur quels critères?

V : Dans mon secteur, il est possible de choisir et c’est important.  Le salaire n’est pas la priorité pour moi, j’ai besoin d’un environnement professionnel dans lequel m’épanouir, où l’on me fera confiance. Je n’aime pas avoir de pression sur des obligations de résultats, je sais très bien le faire moi-même.

A : Que penses-tu du travail à la maison adopté par certains français?

V : Dans un sens, cela m’attire car on a plus de flexibilité pour gérer son temps de travail et son temps personnel. Notamment, j’aimerais commencer tôt pour finir un peu plus tôt le soir également. Par contre, les échanges entre collègues me manqueraient trop car j’adore travailler en équipe. De plus, je ne sais pas si j’arriverais à gérer les temps de déconnexion. J’aimerais essayer une fois pour me faire une opinion (sourire).

A : Quels sont tes astuces pour te ressourcer ?

V : J’aime avoir des temps de partage avec ma famille, mes amis, organiser des sorties…lorsque l’on enchaîne des missions, il n’y a pas de place pour les vacances. Avant mon dernier contrat, j’ai pris dix jours de repos car cela devenait plus que nécessaire de « couper » avant de m’engager sur un nouveau poste.

A : Et bien merci Valentin pour ton témoignage et belle route à toi !

V : Merci Aurélie ! ».

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