Aurélie Pérez – 15 juin 2016
Je rencontre Adeline grâce à son frère Eric qui a témoigné pour HAW. Il me dit « Tu vas voir, elle a un background super intéressant ! ». Adeline accepte immédiatement de témoigner et nous organisons un Skype Leipzig en Allemagne – Lima.
A 24 ans, Adeline a énormément voyagé et vécu des expériences professionnelles à l’étranger. Elle est originaire de Colmar et a très vite senti qu’elle devait partir pour voir ce qui existait ailleurs. A 19 ans, comme elle ne sait pas dans quelle faculté s’inscrire, elle se renseigne sur le visa Work Holidays australien et décide de tenter sa chance. Ses parents vont se résoudre à son départ mais ils précisent bien qu’elle devra financer seule son séjour.
Adeline arrive donc en Australie avec uniquement son premier logement. Elle s’aperçoit rapidement que son niveau en Anglais est trop faible pour travailler dans ce pays et elle décide de prendre un poste comme jeune fille au pair dans une famille australienne pendant un mois. Le but est de s’améliorer rapidement et de se confronter au monde du travail.
Elle va exercer de nombreux emplois alimentaires et, comme elle le dit elle-même « Quand tu pars comme ça, tu n’as pas le choix, tu DOIS travailler pour avoir un toit, pour te nourrir donc tu fais tout pour. ». Adeline se découvre des ressources intérieures inconnues et se démène car elle veut rester en Australie.
A un moment, une chance se présente. Les propriétaires d’un restaurant semi-gastronomique lui proposent de la former. Elle débute comme serveuse, montre toute sa volonté de réussir et va gravir les échelons peu à peu. Elle sera même formée à l’œnologie, tant et si bien qu’à 20 ans, elle gagne 4000 dollars australiens par mois et se demande même si elle va faire des études supérieures finalement.
Adeline restera 2 ans en Australie. Quelle persévérance et quel parcours ! C’est d’ailleurs pendant cette période que son frère Eric viendra lui rendre visite et tombera amoureux de ce pays. Quelques années plus tard, son BTS en poche, c’est à son tour de partir travailler là-bas.
Quand elle rentre en France, dans sa famille, Adeline ne se sent pas bien. Il n’y a plus de challenge, tout est facile. Elle connaît les gens, la langue, la ville est trop petite pour elle. Elle qui aime par-dessus tout la multiculturalité, elle sent qu’elle ne peut plus revenir à sa vie d’avant.
Adeline se renseigne donc pour des études à distance. Le but est de passer exactement le même diplôme qu’en France mais de voyager en même temps. Elle doit se motiver seule, lire des livres, s’exercer et, deux fois par an, elle revient en France pour passer les mêmes examens que les étudiants restés sur place. Ce programme lui permettra de repartir en Australie et de visiter l’Asie. Adeline se rend compte que se motiver seule est toutefois compliqué, surtout quand on voyage et que l’on découvre des nouveautés à explorer chaque jour.
Elle décide alors de postuler pour un ERASMUS en Allemagne et, cette année, Adeline passe les examens pour deux licences, une en Histoire et une en Histoire de l’Art. Et oui, deux c’est mieux quand on aime les défis !
Et Adeline a déjà trouvé son programme pour l’année prochaine puisqu’il s’agit d’un Master « Global Studies » à Berlin, programme spécial qui n’existe que dans certains pays et qui lui permettra aussi d’effectuer certains semestres à Berlin ou Buenos Aires, en Afrique du Sud, Bangkok ou New Delhi.
Vous allez me dire, oui, quel parcours à seulement 24 ans. Mais quel est le recul d’Adeline sur le bonheur au travail?
Adeline fait preuve d’une maturité prononcée « Finalement, ce que je vis personnellement en micro, c’est ce que vit la France à une échelle plus grande. » . Nous avons longuement échangé sur la crise que vit notre pays natal. Nous nous rejoignons sur le fait que les gens devraient se rendre compte de la chance que nous avons en France mais aussi que nous avons arrêtés d’évoluer alors que le monde, lui, continue de le faire. Par trop de lois, de sécurité, d’enfermement, les Français ne s’adaptent pas et perdent en compétitivité, en agilité et surtout…en bonheur.
Adeline pense que certains se rendent compte que ce n’est plus possible de continuer ainsi, que quelque chose ne va pas, et pourtant, aucune action n’est mise en place. Les gens parlent mais ne font rien ! Elle fait le parallèle avec son expérience australienne en disant « C’est parce que je n’avais rien que je me suis dépassée et que j’ai accompli tant de choses. ».
Ma réponse à Adeline, et donc à vous aussi Lecteurs : C’est une illusion de croire que l’on peut changer les autres, nous n’avons de possibilités d’action que sur nous-mêmes. Je pense que si chacun d’entre nous prenait le risque de mener sa vie selon ses aspirations profondes, cela pourrait servir d’exemple à d’autres qui le feraient à leur tour et, petit à petit, la minorité silencieuse deviendrait une majorité avec un vrai potentiel pour influencer le monde. Rappelez-vous, c’est LA phrase de l’étude HAW depuis 3 mois, « Soyons le changement que nous voulons voir dans le Monde » de Gandhi.
Je suis ravie de clôturer ces 3 mois d’interviews par Adeline, symbole d’une nouvelle génération qui refuse de rentrer dans le moule et de se voir imposer une vie qui ne lui correspond pas. C’est grâce à des personnes comme Adeline qu’un espoir de changement positif est possible!