Aurélie Pérez – 18 mai 2016
Laurent a vu mon message proposant de recueillir le témoignage de Français sur le bonheur au travail. Il m’envoie rapidement un mail pour m’aider. Nous réalisons l’interview par Skype car, même s’il réside à San José, nous n’avons pas de voiture tous les deux et les transports en commun ne sont pas vraiment pratiques entre San José et San Francisco. Laurent a 24 ans et il effectue son stage de fin d’études à San José pendant 6 mois. Fraîchement arrivé, il est très heureux de cette opportunité américaine.
Il m’apprend qu’il a réalisé tous ses stages à l’étranger, auparavant c’était au Canada et, pour San Francisco, il a reçu une sollicitation de la part d’une société américaine via LinkedIn. Trois entrevues réalisées par Skype et hop, le voilà dans l’avion direction la Californie !
Cette proposition arrivait à point nommé car Laurent ne parvenait pas à trouver un stage qui lui plaisait en France. Il étudie dans une école publique qui forme des ingénieurs. Laurent a choisi sa formation sans se douter que cela lui poserait des difficultés plus tard. Lui qui pensait qu’un ingénieur trouvait facilement des stages en France, il s’est aperçu que les entreprises françaises opéraient un tri des CV selon les noms des écoles. Même si son école est une très bonne formation, elle n’est pas vraiment reconnue dans le domaine entrepreneuriat donc les portes se fermaient une à une devant lui.
Laurent m’explique que ce fut une période très difficile pour lui car les « non » répétés et injustifiés lui faisaient perdre sa motivation, sa confiance en lui et il se demandait même s’il avait choisi les bonnes options de vie.
Heureusement, au Canada comme aux États-Unis, le recrutement repose plutôt sur des tests pratiques, le but est de voir si la personne est capable de résoudre des problèmes en situation réelle et si sa personnalité répond à la culture de l’entreprise.
Laurent qui n’aurait jamais imaginé partir pour un pays anglophone à cause de son niveau faible dans la langue, se voit offrir l’occasion de travailler dans ce qu’il aime et de développer d’autres compétences, que demander de mieux?
Cerise sur le gâteau, l’entreprise lui offre un très bon salaire, l’avion et les premiers frais de logement, Laurent se jette à l’eau !
Il est ravi de l’intégration de son poste. Il ne peut pas encore me parler du management américain mais il me cite un exemple canadien. Une personne de son ancienne équipe était clairement moins efficace que les autres et, chaque jour, le manager trouvait une action pour laquelle il pouvait le féliciter. En trois mois de temps, cette personne s’était clairement améliorée.
Laurent a alors cette phrase qui sonne si juste : « De toute façon, même si la personne est moins bonne que les autres, ce n’est pas en la rabaissant que l’on va améliorer les choses. Il est important de toujours souligner le positif pour obtenir le meilleur de quelqu’un.».
J’ai beaucoup apprécié ce regard rempli de « fraîcheur », et je me permets une remarque personnelle, je souhaite que les entreprises françaises puissent voir au-delà des diplômes et des noms d’écoles à quel point nous avons des personnes talentueuses en France, ne les laissons plus partir !