Aurélie Pérez – 30 mai 2016
Je rencontre Monzerrat grâce à une amie commune. Monzerrat est Mexicaine et elle travaille et vit en France depuis 12 ans. Lors de l’interview, Monzerrat vient de terminer une journée très stressante et elle me parle avec sincérité de ce qu’elle a vécu et de son manque de recul par rapport à la situation. Ce qui est intéressant, c’est que ce genre de choses peut arriver à tout le monde, et elle, a eu le recul nécessaire pour se rendre compte de son comportement et de rectifier le tir à temps par rapport à ses collègues.
Monzerrat aurait aimé être journaliste d’investigation mais a fait des études de mode et de design. Elle s’est aussi investie dans la politique étudiante pendant 5 ans. C’est une bonne communicante qui attire facilement les foules et elle était prédestinée à faire une carrière politique au Mexique. Les circonstances de la vie ont fait que Monzerrat a voulu découvrir autre chose.
Monzerrat a pris beaucoup de distance par rapport au travail suite à un échec professionnel au Mexique. Dans ce pays c’est le même système qu’aux Etats-Unis, vous pouvez être licencié du jour au lendemain. Suite à une opposition d’opinion avec son chef, Monzerrat se fait licencier et mettre à la porte le jour même. Cette expérience violente à vivre sera un déclencheur dans sa vision du travail et dans sa manière de s’investir pleinement tout en se préservant.
Nous nous interrogeons toutes les deux sur un modèle intermédiaire pour pouvoir terminer une collaboration professionnelle humainement entre le modèle Américain et Français.
Au cours d’autre expérience vécue suite au stress, Monzerrat a perdu la vue plusieurs heures. Quel message envoyé par son corps!
Monzerrat est donc arrivée en France suite à des expériences professionnelles difficiles et à présent, elle s’épanouit pleinement.
Elle parvient à poser des limites comme laisser le portable au travail, trouver des moyens de calmer ses émotions. L’idée aussi est de se dire que son passage dans une entreprise n’est qu’un chapitre de sa vie, ce n’est pas une fin en soi et elle n’a rien à perdre. Cette manière de vivre lui permet d’être une employée libre dans sa tête et dans ses décisions. Elle ne se sent tenue de rien, ce qui lui permet d’être créative et honnête face aux demandes de ceux qui font appel à ses compétences.
Nous parlons de la fuite des talents Français à l’étranger et Monzerrat me dit que c’est la même chose de son côté, le Mexique l’a perdue. Nous évoquons les conditions de vie de son pays natal et Monzerrat regrette l’indifférence sociale des Mexicains. Elle est consciente de la corruption et de la violence dans certains quartiers de la ville. Elle souhaite un avenir tout autre à ses enfants et ne souhaite pas revenir au Mexique pour le moment.
En ce moment, Monzerrat relève le défi de travailler à la restructuration d’une entreprise en dirigeant le service Marketing et Communication, les dossiers s’accumulent et forcément, le stress arrive ! Elle sait que ce n’est que le temps d’une courte période alors elle gère son emploi du temps le mieux possible.
Ses collègues l’appellent Mme Efficacité, elle adore les défis, être stimulée par des initiatives différentes et il ne faut pas oublier qu’elle a une vie de famille avec un mari qui travaille dans une autre ville, un enfant, une vie sociale et des moments personnels pour décompresser, bref une vie bien remplie !
Elle a toujours fait du marketing intuitif, elle se laisse guider par le bon sens. Ce qui est amusant c’est qu’elle ne visait pas ce poste (d’ailleurs, elle ne visait pas non plus travailler dans le milieu feutré de la mode et du luxe mais la vie en a décidé autrement) et c’est les circonstances de la vie qui lui ont apporté ce poste.
Elle est en charge de « libérer » l’entreprise et de transformer la vision du dirigeant en réalité, quel challenge ! Cela est aussi un accompagnement du directeur dans ses choix car le doute peut s’installer. Le tout est de prendre les bonnes décisions au bon moment. Elle a aussi à effectuer un management intergénérationnel et dans une structure familiale où tout le monde se connaît depuis toujours !
Monzerrat s’applique à accompagner les gens de son entourage pour qu’ils augmentent leurs capacités, développent leur potentiel. Elle s’occupe de chacun avec autant de bienveillance et de conseils avisés, du stagiaire à la personne la plus âgée.
Nous parlons aussi de la maturité qui dépend de deux facteurs : l’un inné de par la curiosité naturelle d’apprendre et l’autre acquis par les expériences. Il n’y a pas d’échec, que des expériences formatrices ! Monzerrat ne mâche pas ses mots, elle est entière et honnête et ne voit que la possibilité de s’améliorer et d’aider les autres à y parvenir. Tout est question de confiance dans la relation. Elle souhaite choisir également ses collaborateurs.
Chacun est responsable de sa vie et on peut toujours améliorer sa condition.
Monzerrat pense que le bonheur ne dépend pas des conditions de travail mais bien de la vision de la vie.
Monzerrat rayonne de joie et se missionne pour le transmettre aux autres. Elle contribue à changer les conditions de travail et à changer le monde.
Son message : « Prenez des risques ! Bougez-vous ! » et « Fais attention à tes pensées car cela pourrait bien arriver ! ».